Les façons de concevoir l’information, de la produire et plus encore la façon dont elle est consommée, connaissent de grands bouleversements à l’ère numérique. Pour toutes les rédactions dont la version numérique est issue d’un ancien média, la question de la complémentarité entre les supports se pose avec acuité. Nous sommes entrés depuis quelque temps dans l’ère du « web first ». Beaucoup de titres de la presse quotidienne régionale sont déjà passés au web first, la situation de crise, sanitaire et économique, liée au Covid 19 accélère cette transformation profonde. Le texte doit être enrichi de liens hypertextes, il faut penser avec pertinence le choix de ses modes d’expression (sons, vidéos, photos, infographies, datas…) dans leur complémentarité. Le nouveau besoin est de recevoir les informations les plus chaudes, les plus importantes, les plus urgentes, directement sur nos réseaux, sur notre appli, sur notre messagerie… Le traitement de l’actualité sur les supports traditionnels s’en trouve bouleversé, avec, au coeur, la révolution du tempo de l’information.
Au site, à l’appli, l’information chaude, une quasi instantanéité, ou les alertes sur ce qui se passe et la proposition de découvrir les contenus mis en ligne.
Au média traditionnel, un tempo du recul, de la mise en perspective, de l’analyse à froid, de l’approfondissement…
Ce nouveau modèle peut être une aubaine pour les photographes, il devient indispensable que la production d’information en ligne soit multimédia. Un évènement peut faire l’objet de publications rapides sur les supports numériques illustrées par des photos, de courtes vidéos et d’une certaine manière suivre l’évènement en léger décalage. Le photographe doit envoyer le plus rapidement possible quelques photos pour nourrir le fil d’actualité de son titre tout en continuant la couverture habituelle. Les photos utilisées sur le support traditionnel pourront être différentes de celles utilisées sur la version numérique.
Pour optimiser le modèle web first, la gestion de la couverture de certains évènements est différente. Il est souhaitable d’envoyer à la rédaction le plus rapidement possible après le début d’un match, par exemple, 2 ou 3 photos qui permettront d’illustrer les premiers articles numériques.
Commercialement, cette gestion des reportages est un énorme plus. Tous les médias traditionnels passant eux aussi en web first et beaucoup de nouveaux pure player (support uniquement numérique) ont les mêmes attentes. Le facteur temps est un aspect décisif de la mutation de l’écosystème des médias. Ce passage du photographe à la gestion du web first est un premier pas vers d’autres alternatives, (courtes vidéos, 360, podcast…).