Les autorités costaricaines enquêtent sur les liens entre la possession non réglementée d’espèces sauvages et les activités du crime organisé telles que le blanchiment d’argent.
Alejandro Alpizar, procureur affecté aux crimes environnementaux, annonce que les forfaits affectant la faune sont de plus en plus fréquents dans ce pays d’Amérique centrale.
« Il y a une activité vigoureuse de commerce des espèces sauvages qui donne lieu à d’autres crimes associés aux cartels ou aux groupes organisés. Ils s'en servent pour blanchir des biens et légitimer leurs produits », constate-t-il .
Les autorités du Costa Rica sauvent fréquemment des animaux sauvages de la captivité tels que des serpents, oiseaux, tortues et félins comme les jaguars et margays, dont beaucoup sont des espèces menacées.
Des cas de trafic d’insectes et de petits reptiles ont également été découverts dans les aéroports.
« Pour qu’un animal sauvage se retrouve dans une maison, quelqu’un a dû le retirer de son habitat. Cela constitue un crime de chasse », déclare le procureur.
« S'il a été vendu, il s’agit d’un commerce illégal et s'il a été importé d’un autre pays, cette importation aussi est illégale. »
Pour protéger sa biodiversité de renommée mondiale, le Costa Rica est devenu il y a dix ans le premier pays d’Amérique latine à interdire la chasse comme sport.
Shirley Ramirez, biologiste de la faune au ministère de l’environnement, attire pour sa part l'attention sur le fait que le retrait des animaux sauvages de leurs habitats a de graves conséquences pour eux et les êtres humains.
« Lorsqu’ils sont mis en cage, peu importe leur taille, ils ne peuvent pas exprimer leurs comportements naturels. Cela va mettre l’animal sous tension constante, et se manifester par des changements de comportement », déplore Ramirez.
La scientifique estime que les animaux sauvages soumis à la captivité perdent très rapidement la capacité de retourner à leur habitat naturel.
« Chaque animal sauvé doit faire l’objet d’une évaluation comportementale, physique et médicale », explique-t-elle.
« C'est seulement après cette étape que le processus de réadaptation commence. Mais il peut prendre plusieurs mois, voire des années. »
©Jeffrey Arguedas/Efe/Epa/Maxppp